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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 21:19

IMG_0133.jpgSouffle le vent. Il se fait porter sur le dos de Garonne. Elle, elle  descend la vallée, par elle taillée, en roulant ses galets pour finir sur le sable et se faire par Gironde manger. Lui, opportuniste roule ses vagues par à coups, tour à tour colérique, tranquille, mais toujours lancinant.

Depuis une paire de jour, il accompagne chacun de nos gestes, envahissant nos oreilles, jouant avec nos nerfs. Il siffle dans les tôles métalliques,  joue avec nos volets, vole nos papiers. Vent d’autan, vent du Sud, on le nomme comme on veut. Lui se gausse de notre langage. Sa langue il nous impose. Et elle est bien pendue.

Sous la pleine lune, lui aussi luit. Sans luminosité mais avec  véhémence et forces sonorités.  L’humain rêve dans son lit, l’oiseau couve au creux de son nid, le poisson endormi au fond du fleuve git. Le vent demeure vitupérant.  Pas de pause, pas de répit, pas de nuit.

Du seuil de Naurouze, dans le Lauragais, il s’engouffre. Puissant, sans pitié pour déferler dans la rose cité. Les berges du canal il submerge. Sur la place du Capitole, les papiers s’envolent. Balayés comme des débris, avec raison pestent les sans-logis. Pas de pitié, pas de sentiment, je suis le vent d’autan. Demander assistance à vos semblables. 

Faisant fi de la voisine autoroute, à tout berzingue je roule entre Lomagne et Quercy.  La brique rouge s’estompe, la pierre se monte. Les monts laissent place aux collines.  Mon vieux compagnon, l’occitan me souffle (à l’oreille, lui) que j’énerve toute la contrée. Il paraît que je perturbe le sommeil des braves gens. Ah bon ! Pas des autres ?

Il semblerait que je suscite des envies de violence. A ma bonne conscience adossés, certains en deviendraient même meurtriers. La Cour d’assisses me guette ! Le Vent d’Autan au banc ? Accusé, levez-vous. Que nenni. Le Président m’intimerait plutôt : « Accusé vent d’Autan, couchez-vous ». Mais, de mon errance, reprenons plutôt le chemin.

Le canal coupe Garonne. Nous sommes donc à Agen. Je suis cuit : ici des pruneaux gisent. A nouveau la Cour d’Assises ?  Même si les filles y sont canons, ce n’est pas d’elles que de mes origines je tire la…genèse !  Méridional, je suis , garonnais je vis et girondin je m’éteins.

Les cyclistes me haïssent à l’aller et me vénèrent au retour. Ou l’inverse, lorsqu’ils se prennent pour des Dieux avant le demi-tour fatal qui les fait succomber au désespoir. Des illusions, autant en emporte le vent… d’autan !  Oripeaux et  belles soies à la même enseigne sont maltraités sur le fil.

Le jeune prunier courbe l’échine sous mes coups de butoir. Fantasque, je suis, éphémère je vis. Allez, contentez-vous : demain, place je laisserai à la perturbation océane. Sans-abris, papiers, brique rouge, pierres blanche, agenaise, cyclistes, oripeaux et belles soies ; sous l’onde fraîche tous seraient envieux d’un air chaleureux…fusse-t-il tempétueux.

                                                                                                                                                                             Maxdestillac

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